DISCOURS
DU PRÉSIDENT À LA RÉUNION DE
L'OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES
POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS
LE PROCHE-ORIENT
Projet d'allocution par Andrew Robinson
Directeur général de la
coordination du processus de paix au Moyen-Orient
au Ministère des Affaires étrangères
et du Commerce international
et Président du Groupe de travail sur les réfugiés
Amman, le 9 mai 1996
sous réserve de modifications
Monsieur le Commissaire général, Monsieur le Président,
J'aimerais tout d'abord remercier le Commissaire
général de m'avoir aimablement invité
à prendre la parole devant cette assemblée,
en ma qualité de président du Groupe
de travail sur les réfugiés (GTR). Je
voudrais, à ce titre, prendre quelques minutes
de votre temps pour faire le point sur les activités
du Groupe ces derniers mois, et pour vous indiquer
dans les grandes lignes certaines des orientations
que nous entendons suivre. Je dis cela en sachant
bien que la plupart des gouvernements et délégations
représentés ici autour de cette table
comptent également parmi les plus ardents défenseurs
du processus de paix au Moyen-Orient. Je suis bien
conscient aussi du soutien actif que ces gouvernements
accordent au Groupe de travail, et à l'UNRWA.
En vérité, ce soutien a été
à la base du consensus qui nous a permis de
progresser au sein du Groupe.
La plupart d'entre vous le savent, le GTR, à
l'instar des autres groupes de travail du processus
multilatéral, a été mis sur pied
pour servir de complément aux négociations
bilatérales et gérer les grandes questions
régionales qui ne peuvent être réglées
que par des actions concertées et le soutien
de la communauté internationale. Nous le faisons
en améliorant les conditions de vie actuelles
des réfugiés et des personnes déplacées,
sans préjudice de leurs droits et de leur statut
futur, en facilitant la réunification des familles
et en participant à la recherche d'une solution
viable et globale au problème des réfugiés
Depuis la rencontre des pays donateurs de l'UNRWA
et des gouvernements hôtes ici l'an dernier,
le Groupe de travail a eu une réunion plénière
importante et couronnée de succès. Tenue
en décembre à Genève, cette réunion
a été constructive et productive, et
nous a permis de faire le point sur les développements
intervenus depuis la réunion précédente,
d'établir un large consensus entre les parties
et de planifier les activités à venir
du Groupe. Il est clair à mes yeux que le Groupe
a joué un rôle majeur dans l'instauration
d'une plus grande confiance entre les parties qui
ont pris part aux négociations bilatérales.
Nous en sommes venus à reconnaître de
plus en plus qu'il est possible de travailler ensemble
à la mise en oeuvre d'activités bénéfiques
pour tous. Nous sommes actuellement à organiser
une telle initiative, dont je vous parlerai tout à
l'heure.
Dès les premières réunions
du Groupe de travail, nous avons accueilli avec plaisir
l'UNRWA à nos délibérations.
À la dernière réunion, le Groupe
a souligné son indéfectible appui à
l'UNRWA et au travail extrêmement utile que
l'Office accomplit en aidant les communautés
de réfugiés. Comme la situation est
en perpétuelle évolution, le Groupe
a également insisté sur l'importance
de garantir un financement adéquat à
l'UNRWA, et attiré l'attention sur les répercussions
que le manque à gagner peut avoir sur les populations
de réfugiés vulnérables.
Le Groupe n'est pas une tribune pour l'annonce de
contributions, mais ses réunions ont servi
de vecteur pour la mobilisation d'un soutien aux projets
de l'UNRWA et d'autres formes d'appui aux Palestiniens.
À ce sujet, il convient ici d'exprimer toute
notre gratitude aux pays qui ont servi de «
mentors » pour les divers thèmes mis
à l'étude par le Groupe : des appuis
importants ont été gagnés pour
les projets de l'UNRWA en ce qui concerne, par exemple,
l'Infrastructure sociale et économique, un
thème placé sous la responsabilité
de l'Union européenne, et la Santé publique,
dont l'Italie s'occupe. De même, d'importants
projets ont été réalisés
sous les thèmes du Bien-être des enfants,
pris en charge par la Suède, du Perfectionnement
des ressources humaines, de la création d'emplois
et de la formation professionnelle, placé sous
les auspices des États-Unis. La Norvège
a été particulièrement active
pour ce qui concerne le thème des « Bases
de données », tandis que la France a
mené le dossier difficile et délicat
de la Réunification des familles.
À la VIIIe réunion plénière
du Groupe en décembre dernier, nous avons décidé
d'examiner une nouvelle orientation possible pour
nos travaux. Plusieurs membres ont souligné
l'importance d'une aide ciblée à l'autorité
palestinienne dans le domaine de l'adaptation des
réfugiés et des rapatriés palestiniens.
La plénière a convoqué une réunion
intersessionnelle sur la réhabilitation et
l'adaptation des réfugiés en Cisjordanie
et à Gaza, sans préjudice de leurs droits,
et sur la coordination des projets, réunion
dont l'Italie a été l'hôte.
Nous ne savons pas encore comment nous allons développer
cette notion d'adaptation. Comme vous le savez tous
très bien, bon nombre des activités
du processus de paix ont été quelque
retardées par les tragédies qui ont
frappé la région. Je suis cependant
heureux de vous informer que, à l'image des
autres groupes de travail, celui que je préside
a repris ses activités. À cet égard,
les mentors et les autres pays qui participent de
près aux activités du Groupe tiendront
sous peu une réunion de coordination pour fixer
les dates des diverses activités intersessionnelles
suspendues. Nous espérons que cette réunion
nous permettra aussi d'obtenir des parties les plus
touchées des indications plus claires sur la
manière de gérer la notion d'adaptation
lors de notre prochaine réunion intersessionnelle
consacrée à cette question. Nous espérons
que l'UNRWA jouera un rôle à cette réunion.
Je souhaite que l'UNRWA puisse désormais
recenser d'autres domaines dans lesquels il peut mettre
sur pied des activités bénéfiques
pour tous. Par notre initiative sur la question de
l'adaptation, nous reconnaissons que la région
est en transition. La situation évolue. L'UNRWA
et le GTR ont tous les deux un rôle à
jouer. Le Groupe ne s'est pas prononcé sur
l'avenir de l'UNRWA comme tel, mais il a mis en relief
l'utilité de la coordination entre les donateurs,
l'Autorité palestinienne, les gouvernements
hôtes et l'UNRWA. En ma qualité de président
du Groupe, j'aimerais souligner l'importance d'une
préparation et d'une coordination soignées,
ainsi que d'une mise en oeuvre graduelle afin d'éviter
que l'on perturbe et disloque à nouveau la
vie des réfugiés en Cisjordanie et à
Gaza. Il y a un autre point sur lequel je dois insister
: on commence à reconnaître que l'UNRWA
devra évoluer à différents rythmes
dans différends domaines, s'il veut suivre
celui des progrès dans les négociations
de paix.
À sa dernière réunion, le Groupe
s'est également entendu sur une autre activité,
c'est-à-dire l'organisation de missions internationales
en Jordanie, en Cisjordanie et à Gaza, ainsi
qu'au Liban. Je dirigerai ces missions en ma qualité
de président du Groupe.
La mission en Jordanie aura lieu la semaine prochaine.
Avec l'appui et l'accord du gouvernement jordanien
et de l'UNRWA, une délégation internationale
composée de quelques membres du Groupe visitera
des camps ici en Jordanie, consultera les réfugiés
qui y habitent et rencontrera des représentants
du gouvernement jordanien. La mission a pour but d'établir
comment le Groupe pourrait le mieux aider à
régler les problèmes présents
et à venir concernant les réfugiés.
Dans ce processus, il importe que soyons à
l'écoute des réfugiés eux-mêmes.
Par cette mission, nous montrerons la volonté
du Groupe de demander l'avis des résidents
des camps quant à leur avenir, et d'écouter
ce qu'ils ont à dire. Les réunions que
nous aurons avec les autorités jordaniennes
constituent aussi un volet important de cette mission,
car nous pourrons savoir ce qu'elles pensent des perspectives
d'intervention future du Groupe en faveur des réfugiés.
Monsieur le Commissaire général, Excellences,
Mesdames et Messieurs,
J'ai surtout parlé jusqu'ici de la nouvelle
initiative visant la Cisjordanie et Gaza, ainsi que
de nos activités en Jordanie. Je ne voudrais
pas pour autant qu'on s'imagine que nous nous intéressons
moins à la situation des réfugiés
au Liban et en Syrie. Comme vous le savez, les gouvernements
de ces deux pays ne participent pas pour l'instant
aux travaux du Groupe. À sa dernière
réunion, comme aux précédentes,
le Groupe a regretté l'absence du Liban et
de la Syrie et formé le voeu que les progrès
accomplis dans le cadre du volet bilatéral
du processus de paix les amènent à joindre
ses rangs au plus tôt, en particulier au vu
de leurs importantes communautés de réfugiés.
Il a en outre réaffirmé sa détermination
à maintenir le dialogue avec les gouvernements
du Liban et de la Syrie ainsi qu'avec les groupes
de réfugiés palestiniens dans l'un et
l'autre pays.
Le Groupe a souligné combien il est important
pour les communautés palestiniennes de ces
deux pays d'avoir une preuve tangible des efforts
déployés par la communauté internationale
pour régler leur situation. Il a tout particulièrement
insisté sur la nécessité d'améliorer
le sort des réfugiés palestiniens au
Liban.
Après la réunion du mois de décembre,
je me suis rendu en Syrie et au Liban pour y rencontrer
des représentants des gouvernements et visiter
des camps de réfugiés. Je dois vous
dire que j'étais particulièrement préoccupé
par la situation des réfugiés palestiniens
au Liban, aussi bien sur les plans humanitaire et
économique que du point de vue de la situation
civile. Au cours de nos entretiens, les habitants
des camps ont demandé une augmentation des
services de l'UNRWA et ce, jusqu'à des niveaux
que l'Office ne saurait soutenir sans d'importants
nouveaux apports de fonds. Ils ont aussi fait valoir
leur accès limité au marché de
l'emploi, non seulement par comparaison avec les citoyens
libanais mais aussi en regard des autres travailleurs
étrangers. À l'époque, j'avais
fait part de ces préoccupations au gouvernement
libanais. J'espère que celui-ci trouvera le
moyen d'améliorer la situation des réfugiés
palestiniens, malgré le lourd fardeau que les
événements récents lui imposent,
de même qu'à la population du Liban.
Le Groupe de travail sur les réfugiés
entend maintenir son engagement et ce, sans nourrir
d'intentions cachées ni préjuger l'issue
des négociations bilatérales. Les membres
du Groupe ont le désir de soutenir et d'aider
les autorités libanaises, tout comme les réfugiés
palestiniens, dans leurs efforts pour trouver des
moyens d'améliorer la situation humanitaire
et pour s'attaquer aux problèmes de fond.
Il a été convenu à Genève
que le Groupe de travail continuerait de s'attacher,
en priorité, à la situation des Palestiniens
au Liban et d'explorer, par l'intermédiaire
de l'UNRWA, des mentors ou d'autres voies, des moyens
de faire parvenir l'aide dans les camps et d'assurer
les réfugiés palestiniens au Liban que
le Groupe ne cesse de s'intéresser à
leur sort. Nous tous, membres du Groupe, intervenons
en leur nom et veillons à ce qu'ils constituent
la cible prioritaire de toute affectation de ressources.
Nous avons trouvé dans l'UNRWA un solide allié
à cet égard, et je tiens à louer
ici l'exceptionnelle contribution du personnel de
l'Office au Liban.
Monsieur le Commissaire général, mesdames
et Messieurs,
En terminant, je tiens à dire encore une
fois que l'UNRWA et le Groupe de travail sur les réfugiés
ont tiré avantage de l'esprit d'étroite
coopération qui a caractérisé
nos relations de travail. Je crois que nous n'avons
pas encore réalisé le plein potentiel
de cette coopération. Le Groupe de travail
a fait appel à l'UNRWA pour l'exécution
totale ou partielle de la majorité des 136
projets annoncés par les pays membres au cours
de ses huit réunions plénières.
Pour ce qui est de l'identification des priorités
et de l'élaboration des politiques, les apports
se sont croisés de part et d'autre, au profit
de l'Office comme du Groupe de travail.
Bon nombre des gouvernements qui appartiennent au
Groupe de travail sur les réfugiés se
rangent aussi parmi les principaux donateurs ou les
pays hôtes de l'UNRWA. Maintenant que nous nous
rapprochons de la réalisation d'une paix globale
dans la région, notre coopération doit
se poursuivre, et je suis sûre qu'elle ne se
démentira pas.
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